Il était une fois ...
Un cerf majestueux.
Dans une forêt d'or, d'argent et d'émeraude.
Où la vie se mouvait en bruissements.
Où l'homme n'était qu'un songe.
Là vivait donc le cerf, roi de cette forêt de bruits.
En paix, évidemment.
Depuis toujours, le son se mêlant aux couleurs, la vie ne changeait pas.
Belle et chaude.
Calme.
Argent pour la nuit, or pour le jour, vert profond pour l'ombre.
Tintement de Cristal pour la nuit, son de cloche pour le jour, bruissement de feuilles pour l'ombre.
Et un jour vint le bruit.
Le rouge.
Un crépitement furieux.
Chaud, mais violent.
Beau, mais dangereux.
On ne sut d'abord ce que c'était.
On alla demander au roi son point de vue.
Mais il n'était plus là.
Disparu.
Pendant cent jours et cent nuits on le chercha.
Cent fois dans le jour, cent fois dans la nuit, cent fois dans l'ombre.
On faisait retentir le cristal, on sonnait les cloches, on faisait bruisser les feuilles.
Mais pas de cerf.
Où qu'on posât les yeux, rien.
De l'or.
De l'argent.
De l'émeraude.
Mais pas de roi.
Après cent jours et cent nuits, on abandonna.
Le bruit était de plus en plus présent.
L'émeraude cessait de bruisser, l'or et l'argent se confondaient.
Quoiqu'on fît, l'avancée de ce crépitement était inéluctable.
Alors on se posa la question : faut-il quitter le monde ?
Laisser là émeraude, laisser là or, laisser là argent ?
Ce serait dur.
On n'envisageait pas un monde hors du monde.
Une forêt pareille était bien trop étendue pour qu'un autre lieu pût exister.
Mais on sentait le crépitement approcher, on entendait le rouge frémir.
Alors la décision fut prise de commencer à partir.
On s'en fut tout droit dans la forêt.
Ne changez pas de cap.
Toujours tout droit.
Le rouge est derrière.
Le crépitement ne peut pas nous attraper.
La marche commença.
On marcha.
On courut.
Mais on entendait toujours le rouge.
Semblant venir de partout.
Le rouge était donc partout.
Devant, derrière, à droite et à gauche.
Il était impossible qu'on eût tourné.
On allait toujours tout droit.
A peine un détour pour contourner un reflet émeraude, et on se remettait dans le chemin.
On n'avait plus aucun échappatoire.
Alors on s'avança.
Le crépitement recouvrait tout.
Le cristal tintait, les cloches sonnaient, les feuilles bruissaient ...
Mais tous étaient couverts.
Quand soudain on entendit un autre bruit, couvrant à lui seul le rouge.
Un brame, clair, tintant, sonnant, bruissant et crépitant à la fois.
Le silence se fit alors.
Et de la rougeur du monde sortit le roi.
On ne put d'abord le reconnaître.
Les flancs chamarrés d'or et d'émeraude, les sabots et les cornes d'argent, il ne semblait pas différent.
Mais ses yeux étaient devenus rubis, et son poitrail était désormais de feu.
On prit peur : le roi était corrompu par le rouge ?
Mais celui-ci lança à nouveau un brame puissant, et l'on comprit à travers la mélodie qui en sortit qu'il n'en était rien.
Le roi avait laissé le rouge s'imprégner en lui.
Au lieu de fuir, il était allé à la rencontre du feu.
Ne l'avait pas combattu, mais l'avait simplement bravé.
Comprenant que ce feu n'était pas un fléau mais un renouveau, il avait fondu en lui les autres couleurs.
Et ainsi, le rubis s'incorpora à la nouvelle forêt.
On pris l'habitude de le voir, on ne le craignit plus.
Et ainsi s'achève cette bien curieuse histoire.
*Génèse de l'histoire (comme d'hab)*
Ecrite avant l'autre (logique, je vais tout de même pas suivre l'ordre chronologique, je suis un rebelz de la laïfe), celle-ci est vraiment improvisée. Explication.
Un frais soir de janvier, enfin je crois, en plein discussion msn avec un être vivant toujours peu identifié, celui-ci, énervé, me demande une histoire pour le calmer. Moi, la tête placée comme tous les soirs dans une partie assez peu reluisante de l'anatomie, commence par sortir quelques phrases. Et continue. Cela explique un peu la tronche bizarre de cet article (bah oui, écrire sur msn suppose d'envoyer ce qu'on écrit phrase par phrase, occasionnant un rythme alors assez peu habituel, mais évitant à votre interlocuteur de sombrer dans un sommeil profond en attendant votre oeuvre).
Principal inconvénient de cette manière d'écrire : l'impossibilité de modifier a posteriori ce que vous venez d'écrire. Donc, effort nécessaire d'adaptation à soi-même. Bah oui, normalement c'est pas dur, mais ayant la capacité prévoyante d'une huître gasconne et la mémoire d'un bulot corse, pour moi ça a parfois été dur.
'fin, bref, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs et assimilés, si vous avez survécu, je répondrai simplement à cette question que vous devriez vous poser : non, je n'étais sous l'effet d'aucune substance licite ou non lors de l'écriture de ce texte. Pas besoin d'une petite Muse verte ailée pour écrire n'importe quoi.