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Born to be a Truc

15 novembre 2009

Le Mallandier

 

Sous un mallandier,

Henri, enrhumé,

A peine éveillé,

Sirote un café.

Sous un mallandier,

Henri, abreuvé,

Droit sur ses deux pieds,

Charge son mousquet.

Sous un mallandier,

Henri, l’air guerrier,

Sur l’arbre appuyé,

Est prêt à tirer.

 

Près d’un mallandier,

Charles est embusqué,

Le couteau tiré,

Paré à frapper.

Près d’un mallandier,

Charles, redressé,

Avance, discret,

L’air déterminé.

Près d’un mallandier,

Charles, pétrifié,

Ne doit plus bouger :

La branche a craqué.

 

Sous un mallandier,

Henri s’est tourné,

Les sens éveillés,

Une branche a craqué.

Près du mallandier,

Charles, repéré,

Les deux mains levées,

Reste là, muet.

Sous le mallandier,

Henri a tiré.

Près du mallandier,

Charles git, brisé.

Sous le mallandier,

Henri a tué.

Près du mallandier,

Charles est enterré.

 

Sous le mallandier,

Henri a pleuré,

Près du mallandier,

Il s’est suicidé.

Sous le mallandier,

Il va reposer,

Près du mallandier,

Tout est terminé.

Metro_B_F_Verdier_1

(Inspiration : Métro François Verdier)

 

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15 novembre 2009

Patate et Banane, le retour : "Les Noces Voyageuses" (page 1)

« - Oh, regarde, chérie ! Des mouettes ! »

Il avait été une fois une patate et une banane. Il avait aussi été un poil. La réunion des trois avait fait d’une patate campagnarde et d’une banane chanteuse de cabaret un couple aimant (et sans doute un peu niais). Quant au poil, nul ne sait où il est parti. On pense souvent qu’il est parti, porté par les air, ailleurs, mais c’est pour éviter de penser qu’il aurait pu finir coincé dans un filtre de station d’épuration.

Désormais, Patate et Banane filaient le parfait amour. Le mariage avait été une franche réussite, les deux familles s’entendant plutôt bien, malgré quelques tensions à propos des origines de Banane (« Mais voyons, mon fils, c’est une descendante d’immigrés africains ! » avait dit la mère de Patate), qui furent heureusement assez vite dissipées par un festin préparé par les tantes de la mariée. Et qui plaît à l’estomac remonte dans l’estime, ce ne sont pas certains de mes lecteurs qui me contrediront.

Patate et Banane s’étaient donc mariés dans l’allégresse la plus totale, et s’étaient finalement mis d’accord sur la destination du voyage de noces. Cela serait là où leurs roues les guideraient. Car même si les origines de Banane sont plutôt équatoriales, elles sont aussi plutôt aisées, et une voiture avait été offerte au jeune couple.

 

Ils partirent donc un beau matin de mai sur les routes ensoleillées, mirant de leurs yeux (bien couverts de lunettes Dolce & Gabbana quant à ceux de Madame) la douceur du printemps sur les blés et le vol gracieux de l’hirondelle revenant après son expulsion malencontreuse du territoire national, et humant de leur narine la senteur moirée du gasoil frais et de l’herbe coupée. Tout allait bien dans le meilleur des mondes, les bagages étaient rentrées dans le coffre, la belle-mère dans le placard et Banane dans son nouveau chemisier.

Leur route les mena droit vers l’océan. Partant de la capitale, il firent route à l’ouest et regrettèrent leur choix dès qu’un cumulo-nimbus creva sur leur belle décapotable. Arrêtés sous un pont, il purent observer les couleurs chatoyantes de la campagne bretonne qui ne donne tout son potentiel esthétique qu’humidifiée à soixante-quinze pour cent. Après quelques heures d’attente où Patate put enfin lire son journal et Banane son magazine people, le soleil daigna, chose extraordinaire, pointer le bout de son rayon.

 

Alors se mirent à luire quelques millions de milliards de gouttelettes de pluie oubliées sur les brins d’herbe, sur le dos des insectes, sur les feuilles des arbres, sur les barrières d’autoroute, transformant un paysage beau quoique humide en un paysage merveilleux bien qu’humide. C’est alors que survola ce tableau, songeant qu’il ne manquait qu’elle pour sublimer la scène, la mouette cible de l’exclamation de Patate.

« Oui, mon amour », dit Banane, « il ne manquait qu’elle. La vue est magnifique, non ? »

Et c’est devant un tableau idyllique que le jeune couple vola la vedette à la mouette en s’appliquant à créer le baiser le plus romantique que l’histoire ait jamais connu. Ce qu’ils réussirent, ce qui déplut fort à la mouette qui décida de leur laisser une trace physique de son passage. Qu’importe, Patate et Banane s’aimaient.

 

Ils repartirent, leurs lèvres toujours soudées par un amour débordant (ce qui, bien que romantique, n’est jamais vraiment pratique), n’attendant qu’une chose : voir cette mer qu’aucun d’eux n’avait vu. Ils roulèrent, s’embrassèrent, se cachèrent sous des ponts, parfois plusieurs de ces actions en même temps, et finirent, bien que ce fût Banane qui avait le monopole de la carte, à atteindre une côte. Certes, ce fut la Côte d’Azur, mais Patate se dit qu’il avait gagné en soleil ce qu’il avait perdu en carburant.

Ils virent pour la première fois la mer au crépuscule. Un coucher de soleil irradiant sa puissance et sa beauté resplendissait sur une mer d’huile et créait un tableau si merveilleux que Patate et Banane ne purent faire autrement que se bisouiller une énième fois avec amour.

A suivre.

25 juillet 2009

Bananes bleue et crampe démographique.

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs et assimilés, je vous souhaite bien évidemment de passer une excellente journée plus ou moins ensoleillée selon votre position géographique. C'est quant à moi sous un éclatant soleil qui n'a apparemment pas sommeil que j'écris ces quelques lignes. Car, que vous le vouliez ou non, ce blog est en train de mourir pour cause de flemme, et il me faut quelques coups de fouet psychologiques pour me forcer à m'y remettre. Ainsi donc, il me faut m'y remettre. Pour quel sujet ? On m'a forcé à traiter un sujet comportant ces deux mots : "banane" et "crampe". C'est vaste, c'est peu précis, c'est louche, ça n'a a priori aucun rapport, ça n'augure absolument rien de sérieux, et pourtant ... Il faut en effet que je m'essaye à l'écrit de société, sujet sérieux que je n'ai pour l'instant jamais abordé. J'ai la vague impression que certaines personnes sourient en coin en lisant "sujet sérieux". Celles-ci, je les proute. prout Tout d'abord, sujet qui n'a rien à voir, mais Canalblog m'a supprimé les options de mise en page, donc ça me fait iéch, donc ça sera mal écrit, sans italique ni gras ni justification des paragraphes, mais tapez pas sur l'auteur. Pas d'ma faute. Just take a cola lollipop, and don't try to fly, fucking a duck won't make you touch the sky. canard Ainsi donc (j'aime bien dire "ainsi donc", au cas où vous l'auriez pas remarqué), il est temps pour moi de commencer cette description sociologique de la Banane Bleue, aussi appelée Mégalopole Européenne. Pourquoi Banane Bleue ? Tout simplement parce que cette mégalopole fut pour la première fois représentée dans un magazine par une aire de couleur bleue représentant une banane. Un peu stylisée, certes. Enfin, ressemblant autant à une banane que mes dessins de cours de philo à un Van Gogh, mais bon. C'est comme ça. banane_bleue Mais c'est quoi, cette Mégalopole Européenne ? Ayant la flemme de chercher une formulation inédite, je vous copie/colle le début de l'article Wikipédia : "Le concept de mégalopole européenne, ou de dorsale européenne a été développé par Roger Brunet pour désigner un espace densément peuplé et fortement urbanisé qui s'étend approximativement de Londres à Milan. C'est à l'intérieur de cet espace que la production de richesse et les flux sont les plus importants en Europe." En gros, c'est là que la majorité de la population européenne ronfle et bosse. Parfois en même temps. Parfois même la même personne. Ah, les employés, de nos jours ... dormir_travail Bref. Vous vous doutez bien que j'ai choisi ce sujet pour ne pas faire une deuxième histoire sur Patate et Banane (pour ceux qui comprennent pas, voir plus bas dans le blog). Donc il me faut maintenant caler le mot "crampe". C'est pas bien dur. Voyons la définition de "crampe" : "Forte contraction involontaire, spasmodique, douloureuse et paralysante de certains muscles ou groupes de muscles, généralement de courte durée et souvent due à un trouble fonctionnel (fatigue, trouble métabolique, vasculaire, etc.)" (source : www.cnrtl.fr). Ci-dessous, un mime nous montre les effets de la crampe. crampe Où veux-je en venir ? Haha ! Vous ne l'savez pas, hein ? Bah j'm'en va vous l'conter. Je veux bien entendu parler des bouchons. Oui, les embouteillages, si vous préférez. Ces longues files de voitures lentes, puantes, chaudes, énervantes, tout ça tout ça, qui sont la plaie de l'automobiliste moderne. Où est le rapport avec la crampe, me direz-vous ? Il est très simple. Un bouchon c'est : "Une forte contraction, involontaire (manquerait plus qu'on le fasse exprès), spasmodique (à l'heure de pointe, souvent), douloureuse (voire très chiante) et paralysante (vous osez contester cet adjectif ?) du trafic urbain, généralement de (relativement, hein) courte durée et souvent due à un trouble fonctionnel (travaux, fatigue, accident, mauvaise foi, 35 heures, grippe A, etc.)". Et devinez quoi ? C'est dans les mégapoles de la Banane Bleue qu'on trouve le plus d'embouteillages ! Youpi ! Enfin vous devez avoir compris où je veux en venir ! bouchon Car oui, je l'ai fait, j'ai associé dans le même texte "banane" et "crampe" tout en pondant un sujet sérieux. Youpi. Manque plus qu'à meubler. Donc, à votre avis, d'où viennent les bouchons ? Normalement, si vous êtes un homme à peu près normal, vous devriez avoir ce réflexe pavlovien de grogner un "les femmes au volant" acerbe. Je vous apporte mon soutien, si c'est le cas. Ce n'est qu'un mauvais moment à passer. Car on ne peut quand même pas tout coller sur le dos des femmes, quand même, ça ferait mauvaise foi. Déjà que c'est de leur faute si on a été virés du Paradis, si on est condamnés à trimer pour avoir le droit de mourir de faim dans nos vieux jours et si Chirac a été réélu en 2002, on va pas leur coller en plus les bouchons sur le dos. Donc, d'où viendrait le problème ? Il est simple : des automobilistes. En effet, supprimez les automobilistes et il n'y a plus de bouchon. Bon, certes, attendez la fin du bouchon pour les supprimer, sinon, des voitures bloquées en plein milieu de la route, ça ferait désordre. J'ai la vague impression que vous êtes en train de vous ficher de ma fiole. Certes. Je vous proute et vais donc trouver une autre solution. Mais je vais prendre du temps. Donc à bientôt. Vie
24 juin 2009

Retour Modal de Truc

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs et assimilés, bonsoir. Bonjour. Etc. Reportez-vous aux articles précédents pour les salutations d'usage. Car aujourd'hui est un jour pas comme les autres. Oui, en ce jour, Truc a appris quelques conventions de la mode masculine. Et, évidemment, cela a eu des conséquences inattendues sur son psychisme. Du genre ... En effet, je m'insurge ! Me révolte ! M'indigne ! M'étouffe ! Enfin, bref, moi pas content. Pourquoi ? Une raison simple ... j'ai nommé le totalitarisme primaire du milieu de la mode ! Je ne parlerai ici que de la mode masculine, car j'ai la vague impression que la mode féminine est plus ouverte d'esprit, mis à part sa tendance à exhiber des sacs d'os en lieu et place d'êtres humains. La mode masculine, donc. Premier grief : les chaussettes. Si vous ne le saviez pas, maintenant ce sera chose faite. Des chaussettes blanches avec un costume tu ne porteras point. Pourquoi donc ? Nul ne le sait vraiment. Lubie de critique, sans doute. Phénomène ... de mode, si j'ose dire. Le seul argument plutôt valable que j'aie pu avoir réside dans le fait que ça attirerait l'oeil sur une partie de l'habit dont on n'est pas fier. Je suis navré, mais une chaussette peut être jolie. Et je hais personnellement les chaussettes sombres, je ne sais pas pourquoi. Mais bon, passons. chaussette Second grief : Le dernier bouton de ta veste tu ne fermeras point. Genre. Idem, là on m'a dit que c'était une question de confort. Je demande à voir. Pour moi, il s'agit de la même chose, une lubie. L'homme aime à s'imposer des contraintes. bouton Mais il faut des gens pour les briser ! Ah ça ira, ça ira, ça ira ... ♫ Nan, plus sérieusement, c'est vrai qu'on trouve dans la mode masculine une énorme tas de contraintes arbitraires à peu près aussi utiles et agréables qu'un tas de fumier par temps orageux. Là, j'en ai cité deux, mais il y en a beaucoup plus (forme des cravates, longueurs, des pochettes, forme des chaussures ...). C'est assez énervant, pour la jeune génération pleine de fougue et d'idées que nous nous devons d'être. Donc, sachez vous moderniser. La France n'est-elle pas connue pour sa Résistance pendant l'Occupation ? Vie
18 mai 2009

Un titre inspiré ? Eh bah non !

Mesdames, Messieurs, Mesdemoiselles et assimilés, je reviens vers vous en cette nuit nocturne d'un beau moi de mai, où je peux désormais faire ce qu'il me plaît. Les raisons de ma longue absence ? Une série de partiels un peu longuets, nécessitant malheureusement quelques révisions.

Mais laissons au passé les choses désagréables, et pensons désormais à un avenir plus que proche, étant donné que le présent s'en rapproche rapidement. D'ailleurs, si un jour le futur s'arrête, que va-t-il se passer ? Le présent continuant d'avancer, on va avoir un mix temporel assez space. Mais bon, c'est un peu philosophique, non ? En même temps, ça fera travailler les (phases) terminale(s) qui passent sur mon blog.

Bref, bref, là je suis embêté parce que je n'ai absolument aucune idée de ce que je vais bien pouvoir raconter dans cet article. Autant de temps en temps, ça va, j'ai quelques idées. Mais là, néant, que pouic, nada, niente. Alors, certes, certains flatteurs me diront que je n'ai qu'à puiser dans mon imagination fertile, et caetera. Mais non, ce n'est pas aussi simple. Et puis, l'homme a peur du néant. Donc, voilà, j'ai peur.

Et ce ne sont pas mes discussions du soir qui arrangeront la chose. Car oui, ce soir, je suis philosophique et psychanalytique. Vaste programme, non ? Eh bah si. Mais bon, chacun ses tares, me direz-vous. J'avoue que je remonte la pente en écoutant de l'électro-swing.

Bon, je vous laisse pour ce soir. Juste, une réflexion, pour vous : peut-on trouver un élément de taille limite, c'est-à-dire qu'il n'existe rien de plus grand ou de plus petit ? C'est à vous.

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20 avril 2009

Une énigme météorologique : la Bretagne

Mesdames, Messieurs, Mesdemoiselles et assimilés (oui, je change l'ordre, parfois), bonjour. Ou bonsoir. Suivant l'heure affichée dans un coin de votre écran, ou même au milieu si vous voulez (mon fils adoré m'ayant remonté les bretelles sous le fallacieux prétexte de mon prétendu racisme envers les utilisateurs de Mac). Mais ne parlons point informatique, mon ordinateur est actuellement en période de solidarité envers les étudiants grévistes, à cause d'une influence néfaste d'un certain Raoul. Mais passons.

Passer_domesticus_m

En parlant de passer : ci-dessus une charmante bestiole :
le Passer Domesticus

En effet, si vous avez fait preuve d'un sens de l'observation un peu plus élevé que celui habituellement observé chez un Youpik dormant du sommeil du juste (à vous de comprendre pourquoi je mets en gras), vous devriez avoir remarqué le titre de cet article. Je ne vais pas le répéter, théoriquement, lever les yeux de plusieurs centimètres (oui, au-dessus du joli zoziau) devrait vous permettre d'apercevoir ledit. Plongeons-nous donc dans le vif du sujet : la Bretagne.

Tout d'abord, veuillez bien croire que je n'ai absolument rien contre la Bretagne, ni contre les bretons. Ne m'attaquez pas en justice, merci.
Ainsi donc, nous voici partis dans un sujet embrumé (sauf votre respect). Mais d'abord une petite présentation de la région dont nous causons.

bretagne

Voici ladite. Sexy, non ?

La Bretagne est ce qu'on pourrait appeler le nez de la France. Ça dépasse, c'est voyant, y'a beaucoup d'air qui passe et c'est régulièrement enrhumé. Je passerai sous silence son histoire, la seule chose qu'il convient de préciser est que sa population est liée historiquement à un certain nombre d'espèces bizarres comme les Korrigan et les Leprechauns, ce qui leur donne un caractère légendaire et surtout la capacité de voir ce qui est inaccessible au commun des mortels. C'est un territoire qui porte le nom d'une des ennemies jurées de la France (la perfide Albion), mais en petit, ce qui semble expliquer certains particularismes locaux que je n'ai pas le temps de développer ici. Sachez enfin que la Bretagne s'est spécialisée dans la conception et l'exportation d'armes de destruction massive (parmis lesquelles on peut citer les crêpes, le cidre et le Youpik), étant donné que la conception se fait en intérieur.

breton

Ça n'a pas grand chose à voir avec le sujet, mais j'avais
envie de la mettre.

Mises à part ces petites particularités, rien ne prédisposait la Bretagne à devenir la région maudite de la France. C'est pourtant ce qui est arrivé. Cependant, certains esprits éclairés considèrent que cette situation est dûe à la position géographique de cette terre natale du Youpik. Quoi qu'il en soit, la Bretagne est effectivement maudite. En effet, comme tout le monde le sait :

En Bretagne, il pleut tout le temps.

Je vois déjà s'élever les protestations. Mais, chose étrange, venant quasi-uniquement des Bretons. Oui, ce peuple étrange et bizarroïde, issu de Fées et de Gremlins. Eux objecteront, preuves à l'appui (telles que des coups de soleil), que la Bretagne est un territoire écrasé par le soleil, et que la pluie dont tout le monde parle n'est qu'un moyen de rafraîchir la terre. Certes. J'ai d'ailleurs de mes yeux vu un coup de soleil de Breton. Ce n'est pas une blague.

chapeau_breton

Avant l'invention de la crème solaire ...
Le Breton a le cuir chevelu fragile.

Mais comment expliquer la chose ? Car, tous les touristes vous le diront, mettre les pieds en Bretagne sans un poncho imperméable et trois épaisseurs de chaussettes est inenvisageable pour un non-autochtone. Eh bien, il me semble bien que j'ai trouvé un commencement d'explication. C'est d'ailleurs pour celà que j'ai mentionné au début du présent article l'origine du peuple Breton. Car cette (lourde ?) hérédité semblerait leur conférer un pouvoir unique.

Les Bretons ne voient pas les nuages.

bretagne_soleil

Bretagne vue par un Breton dépressif
(notez les vagues traces de nuages)

Etrange, n'est-ce pas ? Mais c'est une explication plus que plausible. As du l'illusion, des tours de magie foireux et des enchantements merveilleux, le sang magique dans leurs veines aurait pu leur permettre d'oblitérer la présence des nuages de leurs existences. Ainsi, malgré la tangible présence de ces masses de cumulo-nimbus au-dessus de leur(s) tête(s), les Bretons pourraient ainsi vivre dans un constant soleil, alors que les simples mortels que nous sommes seraient rappelés à la dure réalité climatique. J'avoue que cette explication est elle aussi un peu foireuse. Néanmoins, la science peut aussi servir à expliquer cette réalité.

En effet, vivant sur ces terres depuis des temps immémoriaux, on peut comprendre une adaptation à ce dur climat. Alors que le lombric a sacrifié ses yeux à l'obscurité ambiante, le Breton a sacrifié une partie de son cerveau. Ainsi, les zones convertissant les signaux optiques transmis par les yeux en images ont subi une mutation assez spéciale. Par un mécanisme que la science comprendra peut-être un jour, la lumière prvoenant de ces nuages est simplement ignorée par le cerveau. Alors que la lumière du soleil, dont il reste une trace dans celle ayant traversé les strates humides, est recréée telle qu'elle était à l'origine. D'où l'extraordinaire conséquence : un aveuglement sélectif. Une immense force d'auto-persuasion.

oeil

Tentative de représentation de l'oeil
Breton

Mais alors, comment expliquer les coups de soleil ? Très simplement. Leur peau, si peu habituée à recevoir des rayons non filtrés, au moindre rai échappant entre deux nuages, a fortement tendance à griller (d'ailleurs, expérience assez amusante, laissez un Breton au soleil : il se fait jeter dans un charter à la troisième minute). Et la pluie ? Ne la sentent-ils pas ? Si, mais leur inconscient leur affirme que la sensation humide est dûe à la transpiration qui devrait théoriquement se former avec un soleil si idyllique.

Voici donc résolue une des énigmes de notre temps. J'espère ne pas avoir trop blessé les Bretons qui me liront, mais je vous devais la vérité. Pardonnez-moi encore.

Vie

31 mars 2009

Etude comportementale du Youpik : Partie I

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs et assimilés, bonjour/soir suivant l'heure affichée actuellement en bas à droite de votre écran. Sachez qu'aujourd'hui est un jour particulier. Pourquoi ? Tout simplement parce que je vais poster ce message. Je sais, la vanne était nulle, mais partez pas, ça fait que ... non justement, c'est fini les vannes à deux sesterces !!!

tesnul
Auto-dédicace

Bon, en fait, je poste car aujourd'hui il est advenu que ce matin (très jolie amorce, écrite en trois temps, pour cause de téléphone, de petit pain au nutella et de fausse scène de ménage pour montrer à nos voisins qu'on peut faire plus de bruit que leur gosse), le très cher Youpik que nous connaissons bien à présent s'est mis en tête d'explorer le monde autour de lui. Ce qui a occasionné évidemment un petit tas de situations comiques. On n'en attendait pas moins de lui.

Première chose que le Youpik semble avoir découvert, pas aujourd'hui mais un peu avant : l'implant mammaire. Au singulier. Car oui, ce cher Youpik, apparemment complexé pour des raisons multiples et variées qui rendraient chacune n'importe quel être vivant suicidaire, a désormais sur son torse fier une poitrine, certes capable de rendre un peu de contenance à Jane Birkin, mais une poitrine quand même. Enfin, une demi-poitrine. Car, envie post-moderne de se tranformer en oeuvre d'art, oubli de chirurgien distrait ou manque de moyens, le Youpik ne dispose de renflements qu'au côté gauche.

pamela_anderson
Le Youpik sera-t-il un jour semblable à son idole ?

Certes, ici, certains lecteurs un peu moins inculturés que les autres se diront : "Mais c'est pour faire comme les Amazones !". A ceux-ci (et ceci), je répondrai deux choses :
1) Le Youpik, à cause de déficiences mentales et musculaires, est bien enbêté lorsqu'il s'agit de bander. Un arc.
2) De toute manière, l'amplitude de ladite potentielle poitrine droite ne gênerait en rien des activités de tir à l'arc.

Ainsi donc, après avoir pendant un certain nombre de minutes tenté (sans succès) de faire ressortir de façon visible son sein au prix de quelques (gracieux) coups de journaux sur la tête (assénés par moi-même, pour lui signifier qu'il ferait bien d'écouter le gentil Monsieur chinois qui nous faisait un cours d'économie), le Youpik laissa tomber. Non, pas l'implant mammaire. Il abandonna. Vous avez vraiment un humour navrant. Pour se mettre ensuite à découvrir les joies de la communication internationale. Pour faire simple, il s'est mis à demander "Ta konpri ce kil a di ?" (en Youpik dans le texte) à la fin de chacune des phrases du charmant jeune (jaune ?) professeur. A nouveau, des coups de "20 minutes" (pour ne pas faire de pub) arrivant négligeamment sur le point le plus élevé de son anatomie (celui qui a pensé un truc louche a vraiment l'esprit mal tourné, et est de plus assez optimiste) ont contribué à lui faire cesser cette activité.

20minutes
20 minutes, l'arme fatale anti-Youpik

Après que nous fûmes (non, pas de faute de temps, consultez votre dictionnaire) péniblement sortis d'un sous-sol glauque, froid et mal fréquenté, nous partîmes (joyeusement, cela va sans dire) en direction d'un autre amphithéâtre. Durant le trajet assez peu court que nous dûmes parcourir, Youpik décrouvrit les marches. Oui, les machins qui font un escalier. A notre grande surprise, il ne se vautra point mais essaya de les descendre de telle façon que ses pieds ne perdent pas contact avec le sol. Certes, c'est un jeu comme un autre. Mais question démarche classe, on aura vu mieux. Mais bon, quelques coups de journal remirent les choses dans l'ordre. Nous voici arrivés dans un cours suprêmement intéressant. Mais vous ne saurez pas de quoi il s'agit, hahaha (oui, j'ai des petites satisfactions mesquines, et alors ?)

Arrivés en ce charmant amphithéâtre, par beau temps heureusement (car le toit fuit, on est pas dans un vieil établissement pour rien), se pose immédiatement un dur dilemme pour le Youpik. Car il faut que vous le sachiez, Youpik est un fervent admirateur de l'informatique. Qui, telle la courtisane pressée de l'amant importun, s'amuse à lui jouer de charmants petits tours. Premières interrogations du cyber-Youpik à l'entrée du cours :
- Où est la prise électrique la plus proche ?
- Est-elle déjà monopolisée par un autre cyber-étudiant en manque de batterie ?
- Fonctionne-t-elle ?
- Est-elle accessible ?

priere
Eh oui, l'informatique fait ressortir la fibre pieuse du Youpik

Si ces quelques questions renvoient une réponse insatisfaisante, le Youpik conduira sa machine à l'épuisement avant de sortir lamentablement un bout de chiffon usagé et un stylo, afin de prendre de quelques signes cabalistiques (remontant, d'après nos experts, à la Mésopotamie Antique) d'illisibles notes de cours qu'il devra ensuite recopier sur sa fringante amie électronique. Car il faut signaler que le Youpik est la seule espèce vivante qui écrit dans un alphabet qu'elle est incapable de relire. Alors que, pour Sire Darwin, ceci aurait été une raison d'élimination immédiate de l'histoire de l'évolution, le Youpik parvient péniblement à survivre, grâce à l'irréprochabilité de la prise de notes de ses voisins.

copier
(Excusez la pauvreté des illustrations, mais je suis pas dessinateur -et c'est même pas de moi)

Donc, après un cours passionnant, une chasse fructueuse à la prise électrique et de nombreux regards fuyants sur la feuille de son voisin (oui, le Youpik, malgré ses nombreuses heures de pratique, ne tape toujours pas à une vitesse dépassant les 20 caractères à la minute), voici le Youpik reparti, en notre délicieuse compagnie, vers de nouvelles aventures. Culinaires, à cette heure-ci. Car il faut l'avouer, midi passé de trente minutes est une heure critique pour un estomac étudiant. Et c'est donc parti : joyeuse escapade dans les rues animées (dîtes-le avec les liaisons, c'est mieux), en direction d'une quelconque sandwicherie habilitée à contenter notre envie de basses nourritures terrestres.

ET LA, C'EST LE DRAME !

peur
Mignon, non ?

Eh oui, car le Youpik est maladivement difficile en ce qui concerne la nourriture. Comme sa stature alerte peut le laisser deviner, seules quelques substances triées sur le volet par un intellect buté peuvent finir leur existence dans ses canalisations personnelles. La nature de ses substances est tenue secrète par le Youpik, l'instinct animal le poussant à se cacher pour manger. Néanmoins, au prix de risques terribles et de regards ahuris de la part de quelques vieilles dames de passage, nous avons réussi à identifier certaines constantes dans son alimentation. Il y a en effet souvent présence dans ses menus de :
- Pizza, si elle est cuite au micro-ondes.
- Jambon, si le porc à l'origine dudit est né dans un emballage sous vide.
- Fromage, s'il est 100% chimique et qu'il ne connaît le lait que par ouï-dire.
- Pain, s'il n'a pas trop de goût, et surtout pas d'ingrédients bizarres comme des graines ...
- Eau (Nestlé Aquarel, what else ?)
- Viande cuite, si elle est passée par un processus de transformation long et complexe (ex : Steak Haché)
- Pommes de terre, si elles sont gorgées d'huiles et recouvertes d'une épaisse couche de sauce.

Par contre, impossible de lui faire avaler la moindre once de nourriture contenant :
- Des légumes, sous quelque forme que ce soit.
- De la viande ressemblant à un bout d'animal et non à un bout de plastique thermoformé.
- Du fromage ayant une odeur et un goût autres que celui du plâtre.
- Du pain acheté ailleurs que dans une grande surface.
- Des morceaux n'ayant pas été auparavant identifiés par ses sens comme totalement inoffensifs.

nourriture
Pour les fourmis ... ça doit aussi marcher pour les Youpiks, non ?

Nous voici arrivés à la moitié de la journée. Pour éviter la surcharge d'émotions fortes, j'arrêterai ici cet article.

10 mars 2009

Aujourd'hui, dans notre série Youpik est un boulet, Youpik découvre l'emploi du temps.

Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs et assimilés, bonjour/soir/autre. Ici Truc, en direct d'un charmant petit coin de sa belle et noble faculté (dont les origines remontent au XII° siècle, rien que ça). Vous savez ce qu'on dit, "un p'tit coin d'amphi pour un coin d'paradis" ...

A ma gauche, Youpik. Le Youpik est un être bizarre. Son origine géographique laisse perplexes les plus grand ethnologues (voire zoologues). En effet, d'un point de vue scriptural, le Youpik aurait de forts points communs avec la civilisation Mésopotamienne : il a en effet une forte tendance à l'écriture cunéiforme, compréhensible malheureusement par lui seul. D'un point de vue oral, il semble venir simplement du chimpanzé. En effet, impossible de lui arracher le moindre son articulé. Il faut donc, vous l'aurez deviné, déployer des trésors d'ingéniosité pour comuniquer avec lui.

hein

Passons à son aspect physique. Ses origines capillaires renvoient sans hésiter aux Latinos, d'un noir fier (quoique légèrement gras). Néanmoins, son aspect longiligne renvoie quant à lui à une origine bien plus terrestre : on pense en effet à un légume genre asperge, mais en plus moche. Et moins comestible. Remarquez que je n'ai pas essayé de goûter, mais une expérience SM à la fois, merci.

De par sa dénomination, le Youpik vient de Bretagne. Il a ainsi en lui la puissance des marées océaniques et le QI d'un bigorneau. Cette dénomination, bien peu flatteuse (j'envoie d'ailleurs tout mes voeux de bonheur et de courage à mes amis bretons), semble néanmoins avoir un effet dévastateur sur les professeurs de statistique descriptive. En effet, que ce soit son nom ou son sex-appeal foudroyant, notre cher professeur ne peut plus se passer de son breton de compagnie.

bigorneau

Le Youpik a un certain nombre de caractéristiques morales, ce qui semble étonnant vu qu'il ne semble point avoir d'esprit. Il a une tendance à la lâcheté, à la fourberie et à l'hypocrisie. Il a une imaginaire débordant (en témoignent ses projets d'avenir), et une admiration toute particulière pour le système politique castriste (on ne notera pas l'interprétation Freudienne).

peureux

Amoureux déçu de Ségolène Royal, il tente d'oublier ses sentiments en descendant son programme politique. A vaincre sans péril ... Ainsi, il est donc un grand activiste soutenant le NPA, un gréviste acharné (après 17h) et un analyste politique de tout premier plan. Quand on se place d'un point de vue religieux. A vous de comprendre la référence (oui, je sais, c'est tordu).

Désormais blessé dans son coeur par tant de jalousie (François Hollande, le rival honni), ayant passé par plusieurs stades dépressifs, ayant lorgné vers le suicide, ayant raté son noeud, il a enfin trouvé un autre objet de désir en la personne d'une charmante naïade de nos condisciples, dont le pas léger fait résonner les cordes sensibles de son réseau sanguin. Le visage toujours empourpré en sa présence, il se meurt (à nouveau) d'un amour non réciproque. Le cerbère accompagnant sa dulcinée, qui ferait sans nul doute passer la marâtre de Blanche-Neige pour Mimi Mathy, doit également contribuer à sa timidité.

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Sans cesse quêtant les regards fardés de la belle, la pupille rivée à cette Jézabel, il ne peut évidemment point remarquer ces autres regards qui le cherchent. "Loin des yeux, loin du coeur", dit le poète. Evidemment. Laissons là les soupirants, et revenons à notre Youpik.

triste

Notre Youpik a également une tare génétique assez handicapante, il faut le dire. Enfin, je ne sais pas si c'est génétique, mais je ne vois pas d'autre explication. Et ça doit être un allèle récessif, parce qu'aucun autre membre de la famille n'est atteint. De plus, le symptôme est assez complexe à décrire. Mais se résume en un seul mot.

Boulet.

Oui, vous savez, les machins ronds, noirs avec une chaîne au bout ?

boulet

Plus précisément, il s'agit de phénomènes, parfois extérieurs au sujet, qui entraînent un effet néfaste sur ledit sujet, ce de façon répétée, aléatoire, ciblée et assez marrante. Ou pas, suivant les jours. Mais il y a aussi des symptômes internes, telles des tares invisibles au premier abord, mais qui ne tardent pas à se manifester.

Un exemple ? L'impossibilité de lire un emploi du temps. Le Youpik fait systématiquement l'impasse sur certaines zones du texte, entraînant des erreurs d'appréhension de la situation devant se présenter. Cela donne parfois des dialogues comme :

"- C'est bon, on a plus cours jusqu'à 14h, là, non ?
- Non, il y a un cours supplémentaire rajouté. C'était affiché.
- Mais c'est pas la semaine prochaine ??"
Ou encore :
"- On a cours de micro demain à 8h.
- Ok, je viendrai."
[le lendemain, à l'heure, devant la salle]
"- Youpik ?
- Oui ?
- Tu m'avais dit qu'on avait cours à 8h, non ?
- Oui, pourquoi ?
- Tu as bien lu le papier ?
- Oui, pourquoi ?
- Parce que. Tu reconnais quelqu'un de notre classe dans la salle ? Moi, non." (il s'est avéré que le Youpik avait confondu "groupe 1" et "groupe 3").

Les évènements extérieurs, quant à eux, sont ceux qui arrivent aux gens malchanceux. Genre casser une règle en trois morceaux avec le même mouvement que celui fait 5 secondes avant, sans dégâts, par une autre personne.

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Autre trait caractéristique du Youpik : son amour des causes perdues. C'est ainsi qu'il s'est retrouvé fervent supporter du PSG, qu'il a tenté une fac d'éco avec un niveau en maths proche du zéro absolu et qu'il espère retrouver une musculature décente en faisant pour tout exercice un usage répété des escalators du métro. Il aime à s'atteler à des projets fantasques, comme aller en cours après 17h, manger équilibré, m'empêcher de chanter ou bien séduire la vendeuse de pizzas de la cafétéria pour avoir des réductions. Quand on parle de causes perdues ...

Vie

2 mars 2009

Too High Light, Tome 5 : 20 ans après ; Chapitre 1 (c'pas ma faute, on m'a forcé)

" - Mais tu vas la fermer, sale mioche ?!"

Fusa vers le berceau un bataillon d'oeufs (presque) durs lancés d'une main ferme par la maîtresse de maison. Qui s'écrasèrent lamentablement sur un hochet manié avec une adresse digne du Bruce Lee de la grande époque.
" - Aga !"
Le mignon bout de chou agita encore son jouet auquel restaient accorchés quelques morceaux de blanc solidifiés et de jaune encore gluant. Et découvrit une rangée de dents à rendre jaloux le Bela Lugosi de la grande époque. Bella soupira. La vie de couple, elle imaginait pas que ce fût ça. On l'avait pourtant prévenue. Alice. La soeur de son beau et bon mari. L'air un peu dans les nuages, comme à chaque fois que son pouvoir de prédiction la prenait au dépourvu, elle avait lancé d'un air terrible :
" - Méfie-toi ! Méfie-toi du mariage ! Méfie-toi du régime matrimonial de communauté réduite aux acquets ! Je vois ... je vois ... un lave-vaisselle ! Un Arthur Martin - Electrolux ! Aaaaaaaaaaaaah ... Je ne suis pas folle, tu sais ? Oh, bonsoir !"

"Un Arthur-Martin ... La pauvre fille, déjà sur le déclin", pensait amèrement Bella, en donnant un grand coup de talon aiguille dans le beau lave-vaisselle Bosch tout neuf. Qui gronda de mécontentement, mais accepta néanmoins de rendre ce qu'il avait avalé. Non sans éclabousser la minijupe de la pauvre mère de famille, qui jura d'une façon qui aurait rendu jaloux le Capitaine Haddock de la grande époque. Toujours grommelant, elle lançait par-dessus son épaule plats, assiettes et couverts qui se rangeaient impeccablement dans les différents placards. Ses pensées vagabondaient, portés par les vents du rêve.
Elle rêvait à un bungalow du Club Med, à l'eau bleue et aux dragueurs maladroits qui auraient au moins le mérite de lui faire des compliments. Les compliments étaient devenus pour elle un concept assez diffus. Elle imaginait ça comme un mélange de main baladeuse assortie d'un "V'z'êtes bien charmante, Mam'zelle" dit avec l'accent du 9-3. L'imprudent aurait juste eu le temps de se rendre compte de son erreur avant de manger sa soupe avec une paille jusqu'au restant de ses jours, mais ça lui aurait fait plaisir. Elle manquait d'amour. Ça avait pourtant bien commencé ...

" - Maman, les bonbons il est où ?"
Bella se retourna en soupirant. Nessie. Sa fille. Elle aurait dû s'en douter. Prématurée de 8 mois et trois semaines. Les séquelles étaient obligatoires. Elle aurait dû avorter. Mais en même temps, le temps qu'elle se rende compte de la présence dudit Polichinelle dans son tiroir, celui-ci cognait déjà à la porte de sortie. Pourtant, elle était bien belle à la naissance, la Nessie. Deux bras, deux jambes, dix doigts, dix orteils, le nombre normal d'organes en fait. Encore un espoir déçu.
Ayant atteint la puberté à l'âge où la plupart des bébés humains commençaient à sucer leur gros orteil pour bien faire remarquer à leur mère qu'elle ferait mieux de se (re)mettre à la gym, elle avait donc un certain décalage spatio-temporel intra-crânien. Et sûrement une sorte de trou noir. A tout les coups, c'était ça qui donnait à son oeil droit l'air de toujours compter les points noirs de son nez. Et au gauche l'air d'être follement passionné d'astronomie. Ce qui n'empêchait pas ses mains d'être à peu près bien coordonnées (Bella devait quand même l'aider un peu pour mettre ses tampons, de peur de la voir repartir à l'école un fil dépassant de la narine), et ses pieds d'alterner les contacts avec le sol, permettant une marche presque naturelle.

" - Maman, les bonbons il est oùùùù ?
- Attends, deux secondes, ma chérie", soupira à nouveau Bella.
Elle se redressa, manqua s'assomer contre la porte laissée ouverte du petit placard en hauteur, jura à nouveau, attrapa un paquet de M&M's et en lança deux ou trois à la jeune fille souriante. Celle-ci les goba au vol, et s'en repartit admirer le vol gracieux des mouches autour des vaches du voisin. Les voyant, Bella soupira encore une fois. Elle était devenue une artiste du soupir. Soupir exaspéré, soupir désespéré, aucune autre personne en ce monde ne pouvait rivaliser avec elle. Soupirant, donc, elle se remit en place une mèche rebelle avec un mouvement à en faire pâlir la Pénélope Cruz de la grande époque, et lança un regard venimeux à une vache venant jeter un coup d'oeil par la fenêtre. Qui lui jeta un langoureux regard bovin comme le font si bien les vaches, et s'en fut à d'autres occupations moins mortifères.
La campagne. Ah, Edward avait bien choisi. Enfin, Robert. Il lui avait avoué son nom quelques minutes avant la célébration du mariage. Elle qui croyait se marier avec un beau gentleman anglais à la Sir Edward Broccoli, elle s'était retrouvé casée avec un Bidochon. Elle n'aurait d'ailleurs jamais cru qu'on pût savoir aussi bien simuler une musculature. Ni rentrer un ventre. A peine sorti de la mairie, celui d'Edward (enfin, Robert), avait repris ses droits (et son volume), faisant jaillir un bouton qui avait manqué éborgner la vieille tante de Bella (au grand dam de son fils, la vieille pleine aux as avait survécu).
La campagne, donc. Une idée à lui, aussi. "Tu verras, j'ai une propriété de famille, un joli coin de paradis, on y sera bien", et caetera. Et elle l'avait cru. Il faut dire que l'amour rend aveugle. Le mariage rendant la vue, elle avait bien été obligée de se rendre compte que ledit coin de paradis était une vieille grange à moitié en ruine, cernée par les vaches, les taons, les tracteurs et surtout les ruraux. Ah, les ruraux. Toute une histoire. Incapables de compatir lorsqu'ils la voient mettre une Manolo dans la plus belle des bouses qu'un sémillant ruminant ait pondu. Incapables aussi de comprendre que motoculter le champs d'à-côté aux premières lueurs de l'aube est une atteinte aux droits fondamentaux de l'individu. Et le temps ... On se serait cru en Bretagne. Sans les quelques éclaircies victorieusement arrachées aux ondées océaniques. Non, non, non. A Charmenton-sur-Bagagne, point de beau temps. Ah, le bon côté des choses, c'est qu'aucun rayon malvenu n'aurait pu malmener son teint de porcelaine.

Nouveau soupir. C'était devenu quasiment mécanique chez elle. Elle jeta un regard blasé sur le berceau où sommeillait leur fils. Arrivé, lui, quasiment à terme, il semblait avoir compris les vertus de la patience. Mais, même si l'on pouvait ainsi espérer un développement sans accrocs, il fallait passer par toutes ces étapes de la vie de mère que Bella n'avait pas eu à supporter avec Nessie. Comme les couches, les petits pots à l'odeur immonde, les biberons ... Car curieusement, malgré une ascendance plutôt inhabituelle question goûts culinaires, le petit semblait s'accomoder parfaitement des basses nourritures terrestres. Ce qui obligeait à des raids hebdomadaires au Shopi du coin, où le caissier plus-que-quadragénaire-mais-pas-encore-tout-à-fait-quinquagénaire ne cessait de faire de l'oeil à Bella. Bien que celle-ci lui fît toujours cadeau de ses regards les plus assassins, il revenait sans cesse à la charge.
" - Ma bonne dame, comment il doit manger vôt' gosse pour que vous soyez là toutes les semaines ! A moins que ça soit pour autre chose ...  (clin d'oeil coquin)
- Il mange bien. Il y a des chances qu'il soit un homme fort, apte à travailler ailleurs qu'à Shopi." (grand sourire)

A ce stade de la conversation, le caissier abandonnait la partie et finissait de passer les petits pots et autres accessoires premier âge, au rythme d'un "bip" plus ou moins régulier. Bella récupérait sa petite poche plastique, payait toujours avec d'énormes billets rien que obliger l'autre à fouiller dans sa caisse pour faire la monnaie, et s'en allait en faisant claquer ses Manolo. Et le manège recommençait la fois suivante.

" - Mais tu vas finir par te taire, oui ?!"
Partit en direction du bruyant bambin une balle de tennis trouvée on ne sait où. Le petit, d'un splendide revers du hochet à en faire pâlir le Roger Federer de la grande époque, renvoya le jaune bolide vers le joli vase (Ming de son petit nom) offert en cadeau de mariage par la vieille tante (la presque éborgnée). Le récipient étant la seule chose agréable pour Bella en cette maison, elle se débrouilla on ne sait comment pour dévier la balle, qui rebondit donc contre le mur, le lustre, l'accoudoir d'un fauteuil, et s'en retourna assez comiquement entre les beaux yeux de l'expéditrice originelle.
Se massant le nez, Bella sortit de la pièce en claquant la porte ; aucune chance que le petit courre le moindre danger. Au contraire. Elle eût senti la moindre menace, elle se serait empressée de poser le mignon petit bout de chou le plus près possible, une cible dessinée sur la layette. Mais il semblait avoir une chance extraordinaire, que son jeune âge empêchait de qualifier de "chance de cocu". Et, par une logique bien évidente, la chance de l'un entraînant la malchance de l'autre, elle avait généralement un certain nombre de bleus, bosses et autres marques dues à des coïncidences heureuses pour le petit et donc malheureuses pour elle. La caissière de Sephora se demandait parfois si elle ne devait pas prévenir la police, en temps que féministe solidaire de la cause des femmes battues. Sauf que les cas de femmes battues par leur nourrisson de trois mois seraient sans aucun doute des casse-tête juridiques.

Un bruit de moteur dehors. Robert. Un malheur n'arrive jamais seul.
" - Ma chériiiiiiiiie, je suis làààààà !
- Bonjour, mon amour", fit-elle, un sourire qu'un oeil averti eut deviné légèrement crispé plaqué sur les lèvres.

Fin du Chapitre 1.

Vie

2 mars 2009

Cerf, bruits et LSD.

Il était une fois ...

Un cerf majestueux.

Dans une forêt d'or, d'argent et d'émeraude.

Où la vie se mouvait en bruissements.

Où l'homme n'était qu'un songe.

Là vivait donc le cerf, roi de cette forêt de bruits.

En paix, évidemment.

Depuis toujours, le son se mêlant aux couleurs, la vie ne changeait pas.

Belle et chaude.

Calme.

Argent pour la nuit, or pour le jour, vert profond pour l'ombre.

Tintement de Cristal pour la nuit, son de cloche pour le jour, bruissement de feuilles pour l'ombre.

Et un jour vint le bruit.

Le rouge.

Un crépitement furieux.

Chaud, mais violent.

Beau, mais dangereux.

On ne sut d'abord ce que c'était.

On alla demander au roi son point de vue.

Mais il n'était plus là.

Disparu.

Pendant cent jours et cent nuits on le chercha.

Cent fois dans le jour, cent fois dans la nuit, cent fois dans l'ombre.

On faisait retentir le cristal, on sonnait les cloches, on faisait bruisser les feuilles.

Mais pas de cerf.

Où qu'on posât les yeux, rien.

De l'or.

De l'argent.

De l'émeraude.

Mais pas de roi.

Après cent jours et cent nuits, on abandonna.

Le bruit était de plus en plus présent.

L'émeraude cessait de bruisser, l'or et l'argent se confondaient.

Quoiqu'on fît, l'avancée de ce crépitement était inéluctable.

Alors on se posa la question : faut-il quitter le monde ?

Laisser là émeraude, laisser là or, laisser là argent ?

Ce serait dur.

On n'envisageait pas un monde hors du monde.

Une forêt pareille était bien trop étendue pour qu'un autre lieu pût exister.

Mais on sentait le crépitement approcher, on entendait le rouge frémir.

Alors la décision fut prise de commencer à partir.

On s'en fut tout droit dans la forêt.

Ne changez pas de cap.

Toujours tout droit.

Le rouge est derrière.

Le crépitement ne peut pas nous attraper.

La marche commença.

On marcha.

On courut.

Mais on entendait toujours le rouge.

Semblant venir de partout.

Le rouge était donc partout.

Devant, derrière, à droite et à gauche.

Il était impossible qu'on eût tourné.

On allait toujours tout droit.

A peine un détour pour contourner un reflet émeraude, et on se remettait dans le chemin.

On n'avait plus aucun échappatoire.

Alors on s'avança.

Le crépitement recouvrait tout.

Le cristal tintait, les cloches sonnaient, les feuilles bruissaient ...

Mais tous étaient couverts.

Quand soudain on entendit un autre bruit, couvrant à lui seul le rouge.

Un brame, clair, tintant, sonnant, bruissant et crépitant à la fois.

Le silence se fit alors.

Et de la rougeur du monde sortit le roi.

On ne put d'abord le reconnaître.

Les flancs chamarrés d'or et d'émeraude, les sabots et les cornes d'argent, il ne semblait pas différent.

Mais ses yeux étaient devenus rubis, et son poitrail était désormais de feu.

On prit peur : le roi était corrompu par le rouge ?

Mais celui-ci lança à nouveau un brame puissant, et l'on comprit à travers la mélodie qui en sortit qu'il n'en était rien.

Le roi avait laissé le rouge s'imprégner en lui.

Au lieu de fuir, il était allé à la rencontre du feu.

Ne l'avait pas combattu, mais l'avait simplement bravé.

Comprenant que ce feu n'était pas un fléau mais un renouveau, il avait fondu en lui les autres couleurs.

Et ainsi, le rubis s'incorpora à la nouvelle forêt.

On pris l'habitude de le voir, on ne le craignit plus.

Et ainsi s'achève cette bien curieuse histoire.

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*Génèse de l'histoire (comme d'hab)*

Ecrite avant l'autre (logique, je vais tout de même pas suivre l'ordre chronologique, je suis un rebelz de la laïfe), celle-ci est vraiment improvisée. Explication.

Un frais soir de janvier, enfin je crois, en plein discussion msn avec un être vivant toujours peu identifié, celui-ci, énervé, me demande une histoire pour le calmer. Moi, la tête placée comme tous les soirs dans une partie assez peu reluisante de l'anatomie, commence par sortir quelques phrases. Et continue. Cela explique un peu la tronche bizarre de cet article (bah oui, écrire sur msn suppose d'envoyer ce qu'on écrit phrase par phrase, occasionnant un rythme alors assez peu habituel, mais évitant à votre interlocuteur de sombrer dans un sommeil profond en attendant votre oeuvre).

Principal inconvénient de cette manière d'écrire : l'impossibilité de modifier a posteriori ce que vous venez d'écrire. Donc, effort nécessaire d'adaptation à soi-même. Bah oui, normalement c'est pas dur, mais ayant la capacité prévoyante d'une huître gasconne et la mémoire d'un bulot corse, pour moi ça a parfois été dur.

'fin, bref, Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs et assimilés, si vous avez survécu, je répondrai simplement à cette question que vous devriez vous poser : non, je n'étais sous l'effet d'aucune substance licite ou non lors de l'écriture de ce texte. Pas besoin d'une petite Muse verte ailée pour écrire n'importe quoi.

Vie

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Born to be a Truc
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